#le pote qui te présente et fait la conversation pour toi aux autres en soirée tsé
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jules-and-company · 1 year ago
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on a tous été alceste un jour + the fact that philinte c’est 80% de son drive sociabilité sans lui il est PER-DU
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alexar60 · 4 years ago
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La rivale
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Avant même qu’elle fut présente, j’appréhendai de la voir. Notre dernière rencontre s’était très mal passée … pour moi. J’avais quitté la soirée sans même dire au revoir, énervé par son comportement arrogant presqu’agressif envers moi. Alors, ce fut avec une certaine amertume que j’appris sa venue ce jour-là.
Au début, à part bonjour, nous ne nous adressâmes aucunement la parole. Elle était dans son coin, discutant avec ses amies qui étaient aussi les miennes. Elle ne montra aucune hostilité, d’ailleurs, je ressentis aussi une grande timidité de sa part. Elle ne s’occupait que des filles, ignorant totalement la présence d’hommes. La soirée continua, tout le monde but plus que de coutume. Je discutai avec un maximum de potes, trinquant à gauche, riant à droite. Mais toujours, j’avais un œil sur elle et sa façon de se comporter au bar. Elle restait souvent assise, ne bougeant pas et se limitait aux mêmes personnes. Au final, je décidai de l’ignorer.
Pourtant, ce fut difficile car elle s’imposait à la vue de tous, surtout au moment de danser ou parodier quelques scènes mythiques tel que le porté de Dirty Dancing. O. voulut le faire après avoir dansé avec une copine. Elle se jeta et malgré sa taille fine, il fallut trois autres personnes dont cette fille pour la tenir en l’air sous les applaudissements des autres hilares. C’est juste après que j’eus cette discussion avec O. lui balançant ouvertement qu’elle ne pouvait pas me sentir. Mon amie me regarda, puis dit ouvertement à plusieurs reprises : « Non, c’est faux ! ». Notre dialogue en resta là bien que je disse : « Prouve-le moi ! ». Jamais, elle ne le prouva et nous nous dirigeâmes chacun de notre côté. Moi auprès d’autres amis, elle auprès de cette fille qui m’était entièrement antipathique.
Les propos de certains compagnons me rassurèrent. Quelque-chose n’accrochait vraiment pas chez elle avec le sexe masculin. Ce n’était pas sa tenue,  pourtant plus celle d’homme que d’une femme. Ce n’était pas son visage qui n’était pas beau mais pas pour autant laid. Il y avait quelque-chose dans son comportement qui dérangeait terriblement. Dès lors, l’alcool aidant, je décidai de lui parler. A ce moment, elle visionnait la télévision avec d’autres personnes. C’était une émission de sport. J’engageai la conversation : « Tu t’intéresses au football ? ». Elle répondit oui, avouant même avoir pratiqué longtemps dans un club de haut niveau. Nous discutâmes football et autres sports. Pour la première fois, je la trouvais intéressante. Nous parlâmes de son métier, son parcours, de sa vie. Elle se mettait toujours en avant contrairement à moi qui préfère jouer le modeste et éviter de me mettre en valeur.
Beaucoup plus tard dans la soirée, je retrouvai O. qui s’approchait pour dire au-revoir à un ami. Ce dernier la surprit en l’embrassant sur la bouche. Je ne réagis pas malgré son petit clin d’œil dans ma direction, elle non plus. Puis elle retourna auprès de cette fille. J’avais remarqué quelques frôlements de mains, quelques mots gentils et cela ne me dérangeait pas. Toutefois, je remarquai un phénomène étrange, cette fille semblait gronder O. Elle lui parlait agressivement, montrant de la colère dans son regard. J’approchai doucement, prétextant gérer le bar sur lequel elles s’étaient accoudées. Tout  à coup, elle me prit à partie dans cette histoire signalant ouvertement qu’elle était agacée par le comportement des garçons. Je feintai l’étonnement. Elle ajouta que les hommes sont irrespectueux envers O. Notre amie minimisa l’affaire murmurant à chaque fois : « mais non » pour calmer le jeu.
-          Mais tu voulais qu’il t’embrasse sur la bouche? exclama-t-elle.
-          Bien sûr que non, répondit O.
Si je ne connaissais pas mon amie, j’aurais pu croire être en face d’une scène de ménage entre une dominante et sa dominée. L’une faisait la morale à l’autre qui jouait la petite fille prise sur le fait et qui cherchait à se disculper. C’est alors que j’intervins.
-          Je te rassure, ce n’est par rapport à O. C’est par rapport à moi qu’il l’a embrassée. Il sait que je suis amoureux d’elle et il l’a fait pour m’embêter.
O. leva brutalement la tête montrant un visage totalement irradié. Ses yeux pétillèrent, elle bégaya avant de s’exprimer :
-          C’est…C’est la première fois que tu l’avoues publiquement.
C’était le moment que j’attendais depuis quelques mois, celui où je savais que la porte s’ouvrirait. Il ne me restait plus à m’engouffrer et dire ce que j’avais sur le cœur, ce que je ressentais pour elle. Les mots allait sortir, j’ouvris la bouche jusqu’à ce que cette fille m’en empêche et fasse atterrir tout le monde.
-          Tu es amoureux d’elle ? Eh bien moi aussi, je suis amoureux d’elle.
Le charme était tout à coup brisé. O. tourna la tête vers cette fille en exprimant à plusieurs reprises son désaccord. Elle s’éloigna de nous inquiétant au passage ceux qui étaient encore présents. Pendant ce temps, l’autre persista à me défier. Bien que je me doutais de son intérêt pour O, je fis l’étonné à chaque fois qu’elle prononçait : « Parfaitement, je suis amoureux d’elle ! » jusqu’à ce qu’elle dise :
-          Et je te propose un plan à trois. Toi, moi et O.
-          Non…Non…Non…répétai-je abasourdi par cette invitation.
Elle récidiva deux fois tandis que je réalisai que je connaissais entièrement O. J’avais déjà vu son corps, ses fesses, ses seins, son sexe. Pourtant, je réalisai que je ne la désirai pas sexuellement. O. nous rejoignit pour mettre un terme à ce délire, cependant, sur un coup de tête ou comprenant que cela ne servait à rien, elle préféra quitter la soirée et rentrer chez elle. Elle n’habitait pas très loin.
J’étais toujours stupéfait, non pas par cette proposition qui me parut débile, mais par le fait que je n’avais aucune réelle attirance pour O. C’était autre chose que je recherchai chez elle et je n’arrivai toujours à le trouver. Lorsque je découvris son absence, je sortis immédiatement la rejoindre. Dehors, la pluie tombait à grosses gouttes. Je courus jusqu’à l’entrée de son immeuble, seulement, la porte était déjà  fermée. A ce moment, je demeurai quelques secondes, inerte sous la pluie battante, j’étais complètement trempé. Je n’osai pas sonner, préférant l’appeler par téléphone. Elle ne répondit pas, m’obligeant de lui laisser un message. Je ne sais pas pourquoi, je me suis senti coupable et me suis excusé. Puis, n’obtenant aucune réaction, je retournai à la soirée.
Il ne restait plus grand monde et le peu qui restait se saluait avant de partir. Je m’assis au bar. Un ami demanda ce qui s’était passé. Je n’ai pas répondu. Ma rivale, encore présente, s’interrogeait sur le lieu où elle irait coucher. Je rentrai chez moi sans pouvoir dormir de la nuit avec cette interrogation éveillée par cette rivale. Ensuite, les doutes arrivèrent, les questions en tous genres dont la principale demeurait encore: Pourquoi je l’aime si je ne la désire pas ?
Après cette soirée, je n’ai plus cherché à en reparler avec O. ni à lui plaire. J’ai continué ma vie, observant la sienne. Quand elle avait quelqu’un, je ressentais toutefois un pincement, un regret mais à chaque fois, je pensais à cette rivale qui m’avait ouvert les yeux car il y aurait toujours un mur entre O. et moi… Et puis, c’est autre chose que de l’amour… Enfin je crois.
Alex@r60 – juin 2020
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cequilaimait · 5 years ago
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PictureS[...] – 5. Photo N°5 – Première photo volée de ma femme
Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas neigé sur le Rhône à Noël.
Cela ne serait sans doute pas pour cette année non plus, soupira Camille en observant sur internet la météo prévue pour les jours à venir, de son anniversaire jusqu’aux vacances. Comme le disait la maxime qu’il avait lui-même inventé : anniversaire pluvieux, Noël miteux. Et il ne faisait pas franchement beau en ce jeudi de décembre où, peu de temps avant le début des congés, il venait de fêter ses dix-sept ans.
Déjà. Il avait un peu de mal à y croire. Encore, seize, ça va, ça fait jeune. L’âge de l’adolescence, des soirées et des conneries entre potes. Cela pourrait presque faire un bon titre de film. « Seize ans ». Rien que la force se dégageant de ce nombre permettait d’induire de nombreux effets dramatiques, de donner envie d’aller plus loin. Mais dix-sept ? Piégé entre seize et dix-huit, entre l’enfance et la majorité… Trop jeune pour être libre, presque trop vieux pour être un enfant. Dix-sept ans.
L’adolescent n’avait pas particulièrement envie d’organiser une fête. La majorité de ses amis ayant foutu le camp et ne prévoyant pas de repasser dans le coin uniquement pour la lueur de ses beaux yeux bleu sombre, Camille ne voyait pas pourquoi il se ferait chier à passer du temps avec des personnes qu’il n’appréciait pas et qu’il supportait déjà tous les jours au lycée. Il préférait de loin célébrer ça en petit comités, en plusieurs étapes. Le jeudi soir avec son père au restaurant, qui lui offrit de l’argent ; le vendredi soir avec Cléo, à l’appart de ce dernier, histoire de lâcher prise à la recherche d’un bon vieil orgasme des familles ; le samedi, enfin, avec Margot, comme le voulait leur tradition de toujours se balader ensemble lors de leurs anniversaires respectifs.
D’habitude particulièrement enjoué à cette perspective, Camille avait cette année-là traîné les pieds. Pour deux raisons, principalement. La première, c’était qu’il en voulait toujours à sa meilleure amie pour leur dispute de septembre. Non pas qu’il avait la rancune tenace, mais quand même. Il ne pouvait s’empêcher d’être jaloux du garçon qui passait tout son temps avec Margot. Lui faire la tête était encore le meilleur moyen de le lui montrer.
La deuxième se résumait à une simple phrase que Margot lui avait lâchée au téléphone pour fixer le lieu de rendez-vous.
« Au fait, j’ai demandé à Kenna de venir. Il est un peu jaloux de toi et ça me soule. Je pense qu’il est temps que vous appreniez à vous connaître ! »
Camille s’était étranglé dans son lit et avait manqué d’avaler le combiné. Margot était complétement perdue dans sa tête. Non seulement elle était accroc à un bellâtre sans intérêt, mais en plus, elle avait le culot de le ramener à SON petit plaisir d’anniversaire ! Quelle truie ! Une insulte murmurée sans s’en rendre compte qui lui valut de se faire engueuler comme rarement et qui avait scellé son sort :
« Je te préviens, Cam, t’as pas intérêt à me planter et à ne pas te pointer ! Quatorze heures sur le parvis de la cathédrale Saint Jean-Baptiste dans le vieux Lyon ! Si je ne te vois pas pile à l’heure, je te jure, je te résous ton problème de couilles en trop de manière définitive ! Et sans anesthésie. »
Se faire enlever les précieuses, cela pouvait passer. Ce n’était pas non plus la mort, d’autant plus que c’était chiant à planquer dans des culottes féminines. Mais la douleur, ça non. Camille n’était pas masochiste. Et surtout, il n’avait pas envie de subir les foudres de Margot jusqu’au bac. Que lui fasse la gueule à sa camarade, ça oui, il pouvait, c’était justifié. Mais il n’acceptait pas un seul instant la réciproque.
Le vieux Lyon… Cela représentait encore une bonne trotte en transport. C’était le problème quand on habitait dans la petite banlieue. Ces derniers mois, le lycéen androgyne avait eu l’impression de passer plus de temps dans la capitale des Gaules que dans sa propre petite municipalité.
Finalement, le jour J, il n’hésita pas trop. Profitant que Cléo avec qui il avait passé la nuit se lève pour aller en cours, Camille en fit de même et rentra à la maison pour se préparer. Heureusement, le gâteau maison qu’avait préparé Fabien la veille pour lui faire une surprise était bien passé. Preuve en était qu’il était délicieux : Mikaël en avait repris deux fois et avait même fini les dernières miettes dans le plat.
Devant sa glace, Camille s’observa tout d’abord nu, à la recherche des premiers changements espérés à la suite de sa consommation en cachette d’hormones et de médicaments. Se planquer du regard des autres était compliqué. Il fallait ruser pour s’isoler : pas question de prendre des cachetons en plein milieu d’un repas, sous peine de se faire griller. L’adolescent était d’autant moins fier de se cachoterie que les effets attendus tardaient à se faire voir. À l’œil nu, difficile de dire que son corps avait changé. À part son ventre lisse digne d’une pub pour des yahourts Sveltesse, le reste de son organisme lui semblait encore bien masculin. Bref, il y avait encore du boulot, suffisamment en tout cas pour justifier que l’adolescent s’enferme jusqu’à midi dans la salle de bain pour se faire belle. Comme tous les quinze jours, la cire finit sa course dans la corbeille, non sans quelques serrages de dents. De très loin, Camille trouvait qu’il était plus agréable de s’occuper de ses ongles et de ses mains que de s’épiler. Mais il n’avait pas trop le choix. Seul comptait le résultat. Pour fêter son anniversaire, il voulait sortir le grand jeu et en profiter un maximum. Après s’être fait les sourcils à la pince pour leur donner l’apparence voulue, Camille chercha le meilleur maquillage, coiffa au sèche-cheveux ses mèches ondulées qui avaient continué de pousser, installa ses piercings qui l’avaient attendu toute la semaine dans leur boite et passa du côté de la garde-robe. Malgré une éclaircie bienvenue, il faisait plutôt frisquet dehors, ce qui ne l’empêcha pas de jeter son dévolu sur cette robe courte rouge qu’il s’était achetée la veille avec l’argent de l’avant-veille et qui lui tombait jusqu’aux genoux. Avec en dessus, un blouson bomber noire aux manches trois quart et en dessous des collants de la même couleur, cela serait parfait. Ne restait plus qu’à repasser à la salle de bain pour s’appliquer un rouge à lèvre écarlate qui serait bien plus féminin que le traditionnel gloss, et à choisir les accessoires. Là, Camille n’hésite pas longtemps. Une capeline feutrée sur la tête à la belle teinte vermillon. Un sac à main blanc réhaussé d’un tassel en daim rouge. Une épaisse ceinture noire marquant la taille et, enfin, une paire de chaussures de la même teinte à semelles et talons. Il se trouvait belle. L’alliance des couleurs, cette féminité réhaussée par un poil de mousse rajouté là où les formes manquaient, la perfection de son maquillage et de son verni à ongle, l’absence de vulgarité dans la tenue… Tout comblait Camille. L’illusion était une nouvelle fois parfaite, comme à chaque fois qu’il prenait le temps de se préparer. Cela lui avait pris seulement trois heures. Dire qu’au collège, un simple changement de vêtements et une pointe de fond de teint suffisait pour tromper son monde. Qu’il lui semblait loin, l’été de ses quatorze ans. De fille, il était presque devenu femme. À l’instant présent, il n’avait qu’un seul regret : que le thermostat extérieur l’empêche d’afficher son tatouage au grand jour. Sans quoi il aurait trouvé sa tenue parfaite des pieds à la tête.
Après un repas léger prit sur le pouce avec son père, l’adolescent se jeta dans les transports. Pas question d’être en retard. En fait, il arriva même avec quelques minutes d’avances, et s’assit donc tranquillement sur une marche en croisant les jambes, dans l’attente de sa meilleure amie et du mufle qui l’accompagnait, surnom que Camille lui avait attribué et utilisait à chaque fois qu’il était question de lui.
À ses yeux, Kenna restait une véritable énigme. Comment un mec avec une telle réputation de coureur avait-il pu tenir trois mois avec Margot sans se faire jeter ? Lui-même, à chaque fois qu’il était sorti avec elle en « couple », s’était fait dégager en quelques semaines avant de retenter sa chance – souvent avec succès – les suivantes. Et pourtant, force était de constater au lycée que cette petite histoire née dans une salle de classe était partie sur les chapeaux de roue. Combien de fois Margot avait-elle essayé d’expliquer à Camille au téléphone à quel point Kenna était différent de ce qu’on pensait, en mieux ? Tombée sous le charme de son sourire comme d’autre se cassent la gueule d’un arbre – Camille lui rappelait sans cesse que le plus douloureux n’était pas la chute mais l’atterrissage –, l’adolescente avait semble-t-il comprit comment le retenir. Cela tenait en deux points, qu’elle lui avait détaillé la veille au téléphone. Premièrement : l’intéresser. Kenna aimait lire et se passionnait pour tout ce qui tenait au médiéval, à la renaissance et aux dix-sept et dix-huitième siècles. Le choix de se promener dans le vieux Lyon n’était pas innocent, il s’agissait de loin de son quartier préféré et il en connaissait de nombreux secrets et quelques ruelles. Margot s’était rapidement mit à partager ses centres d’intérêts qui apportaient énormément de profondeur à ce jeune homme joyeux et rieur. À force de plaire à des filles superficielles, il était passé pour superficiel à son tour, alors qu’il était et recherchait tout l’inverse. S’il les quittait aussi vite qu’il les charmait, c’était avant tout par ennui.
Deuxièmement, la technique du petit doigt. Là, Camille coupa court à la conversation. Il ne voulait pas en savoir plus. Ou plutôt, il n’en avait pas besoin. C’était lui qui l’avait conseillée à Margot en premier lieu, après y avoir été initié par Cléo lors d’une gâterie. Son amoureux lui avait prodigué le geste accompagnant quelques léchouilles avant tout pour lui apprendre à en faire de même quand viendrait son tour d’utiliser sa langue. Rien ne pouvait plus faire craquer un garçon à l’esprit ouvert qu’un bon petit massage de la prostate au moment de se faire traire. La première fois que Margot lui avait proposé, Kenna avait eu très peur et avait freiné des quatre fers, avant de laisser une chance à la découverte. Ce que sa petite copine arrivait à faire avec ses lèvres était la preuve qu’elle s’y connaissait et donc qu’il fallait lui faire confiance. L’éruption d’un orgasme différent et encore plus agréable de d’habitude l’avait immédiatement rendu accroc à la pratique. Sa petite copine le tenait littéralement par les couilles, ce qui lui avait fait passer l’envie d’aller voir ailleurs. Il était bien assez heureux comme ça et ne s’imaginait pas du tout aller demander ce petit genre d’extra à la première fille venue. Cela aurait mis un sérieux coup à sa fierté masculine.
14h05 à sa montre. Camille commença à s’impatienter. Avec ses dix minutes d’avance, cela faisait bien un quart d’heure qu’il attendait. Heureusement, alors qu’il était sur le point de sortir son téléphone de son sac à main pour envoyer un texto agressif, il aperçut au loin le couple avec qui il était censé passer l’après-midi. Margot le reconnut immédiatement et courra à sa rencontre. Kenna, lui, se montra plus hésitant et demanda à sa petite copine ce qu’elle faisait avant de comprendre qu’il n’y avait pas erreur. Gêné de sa méprise, il rougit jusqu’aux oreilles, ce qui allait plutôt bien avec son teint mat, et se montra encore plus mal à l’aise quand vint le moment de saluer le héros du jour, hésitant entre la poignée de main virile et la bise. Agacé, Camille prit les devant et l’attrapa par le cou avant de lui en claquer une sur chaque joue.
« C’est comme ça qu’on fait avec les filles, mufle ! »
Un peu piteux, Kenna serra les lèvres, ce qui eut pour effet de faire disparaitre l’espace d’un instant son éternel sourire. Certes, Margot l’avait longuement briefé, en lui expliquant ce qu’il y avait à savoir et en le prévenant qu’il risquait grave la merde si elle trouvait quelque chose à redire à son comportement. Il pouvait se planter dans les accords, c’était loin d’être un problème. Mais les commentaires déplacés, c’était mort. Kenna avait acquiescé sans discuter. Il n’avait pas grand-chose à rajouter. Lui, il connaissait Camille de vue, était au courant de sa « particularité » mais n’avait jamais cherché à lui parler et encore moins à le comprendre. Ce qu’il était, semblait-il, était contraire à sa foi, enfin il paraissait, mais le ES accordait autant d’importance à cette dernière qu’aux cours d’économie, matière qu’il était obligée de suivre au lycée et qui l’emmerdait plus qu’autre chose. Ces histoires-là lui passaient bien au-dessus de la tête. Autant qui avait créé le monde et pourquoi que ce que les gens pouvaient faire de leur cul ou de leur vie. Tant que cela ne le touchait pas de trop près. C’était bien parce que Camille l’angoissait que, comme une grande majorité des gens au lycée, il avait minimisé ses contacts avec l’énergumène. Pas par méchanceté, cruauté ou jugement, juste par peur d’être associé à quelque chose qu’il ne comprenait pas et qui lui semblait avoir une fort mauvaise image, qui du coup ne collait pas avec la sienne. Mais ce n’était pas ça qui justifiait la teinte rosée du bout de ses oreilles. Maladroitement, il admit la cause de son embarra :
« Pardon, j’ai buggué. C’est juste qu’au lycée, t’es pas aussi mignonne ! »
À ces mots, Margot écarquilla les yeux et fixa son petit ami avec une intensité jalouse qui semblait vouloir dire « Tu te fous de ma gueule, là ? ». Camille, lui, ne se démonta pas. Sourire provoquant aux lèvres, il replaça son chapeau sur sa coiffure et s’autorisa une petite pique envers la gent masculine en général. C’était son jour et il comptait bien en profiter pour être la Camille un peu folle et entrainante qu’il était contraint d’étouffer au quotidien.
« Ça, c’est parce qu’au lycée, j’me fringue comme un sac. Paraît que ça fait garçon d’être moche ! Comme ça, je fais plaisir à l’administration. »
Vlan, dans les dents. Kenna bredouilla sans réussir à trouver ses mots. Lui qui s’était fait beau avec son écharpe préférée, un pull super minet et ses cheveux en brosse, il se trouvait très con. Heureusement, il ne lui fallut que quelques secondes pour secouer fortement la tête, reprendre ses esprits et afficher un petit sourire, lèvres closes. La répartie de Camille était drôle et sa personnalité lui plaisait. Ce premier contact avait chassé d’un coup ses craintes et ses angoisses. Une fois admis qu’un garçon – génétiquement parlant – se cachait derrière cette délicieuse créature et qu’il était de bon ton de s’en foutre complétement, il n’y avait plus trop de problèmes. Tout juste une après-midi de balade entre potes à qui il servirait de guide. Au programme ? Découverte des plus belles façades du quartier, un petit arrêt à la maison de guignol et un plus long à sa crêperie préférée pour le goûter, de l’autre côté de la Saône. Mais pour commencer, les églises ! Même s’il ne se sentait en rien concerné par les offices qui pouvaient s’y dérouler – ni sa came, ni sa culture –, il adorait les bâtiments en eux même et leur histoire. Et là, dans un rayon de cinq cents mètres, ils avaient de quoi faire. Déjà, la cathédrale Saint-Jean Baptiste, devant laquelle ils se tenaient. Puis, en haut de la colline, la fameuse basilique de Fourvière qui dominait toute la région. Enfin, la petite église Saint-Georges, qu’il appréciait tout particulièrement avec ses murs blancs. Ce fut à ce moment-là que les ventres gargouillèrent. Le manque de Nutella se faisait sentir. L’heure était venue de traverser la Saône. Le pont le plus proche était la passerelle Saint-Georges, bien connue des amoureux pour la tradition qui voulait qu’on y accroche des cadenas. Camille s’avança le premier, puis s’arrêta, l’air mélancolique, avant de se poser sur la balustrade rouge qui s’accordait si bien avec ses vêtements. Ce petit coin lui faisait atrocement penser à sa sœur jumelle. Et pour cause, un souvenir de Maxime y était fortement associé. Elle qui aurait aussi eu dix-sept ans, si elle avait toujours été là. Ne pouvant s’empêcher de laisser échapper une larme, Camille renifla et se passa la main sous la paupière, avant de forcer un sourire crispé envers ses camarades, sans pour autant réussir à masquer le début de sanglot qui lui arrivait. Finalement, ne pouvant tenir, il fit une des choses qui lui était le plus naturel au monde : pleurer dans les bras de Margot comme un enfant triste, devant un Kenna sincèrement touché par la scène.
Finalement remis de ses émotions, Camille expliqua ce qui lui était soudainement passé par la tête, après s’être assuré que le petit copain de sa meilleure amie était déjà au courant de l’incident qui lui avait causé la perte d’une partie de lui-même. Il pouvait donc aller à l’essentiel et évoquer directement le souvenir.
« On était au primaire. On était venu se promener un samedi ou un dimanche, c’était au printemps, il faisait beau. Max était folle et courait partout. Cette idiote a réussi à échapper à la vigilance de mes parents et s’était jetée sur ce pont, puis était montée sur le rebord en écartant les bras en disant qu’elle était un oiseau ! J’en ai chialé de peur qu’elle tombe, ce qui l’a beaucoup faire rire ! Moins quand mon père lui en a collé une ! Ce qui du coup m’a encore plus fait pleurer, plus qu’elle-même ! Ça m’a choqué que papa lui fasse ça, même si je le comprends. Du coup, comme j’étais en crise, c’est elle qui m’a consolée. En me disant qu’on était tous les deux des oiseaux et que, si un jour j’étais triste, je pouvais venir ici et sentir le vent sur mon visage ! Elle, ça lui avait donné l’impression de voler… »
La confession eut comme effet bénéfique de rapprocher Kenna et Camille. L’adolescent de ES se montra sincèrement touché par le comportement et le naturel de son camarade de S. Il découvrait une personnalité qu’il s’était jusqu’alors contenté d’observer de loin avec tous ses préjugés. De son côté, l’androgyne eut de quoi raviser son jugement sur le mec de sa meilleure amie. À voix basse, il concéda qu’il s’était peut-être emporté un peu vite et que le bonhomme n’était peut-être pas le mufle débile qu’il s’était complu à imaginer. Il était au contraire sincèrement sympa et agréable, réagissant plutôt bien aux blagues et en sortant de son côté des assez drôles. Du coup, l’après-midi se poursuivit et se termina joyeusement autour d’une Bollée de Cidre doux et des crêpes promises et attendues. Nutella, Frangipane ou Caramel : n’arrivant pas à choisir, les trois adolescents décidèrent de partager trois assiettes. L’ambiance, particulièrement bonne, fut encore réhaussée par la joie de Camille, ravie d’avoir entendu le serveur s’adresser à sa table en lâchant un « et donc, pour le jeune homme et les demoiselles, ça sera quoi ? » tout à fait adéquat. Laissant son exubérance se libérer, il passa une partie du goûter à critiquer SON mec trop occupé par ses études pour se joindre à eux. Les absents ayant toujours torts, Cléo en prit méchamment pour son grade. Le clou du spectacle fut quand le serveur arriva avec une bougie sur une dernière crêpe en chantant « joyeux anniversaire » en breton, ce qui ne manqua pas de gêner Camille ni de lui tirer une larmiche, ni de ravir Kenna, fier de sa petite surprise. Après tout, il n’avait pas traîné les filles dans cet établissement pour rien. Même Margot n’était pas au courant de l’attention, ce qui lui valut des félicitations doublées de la promesse – tout en mimant le geste pour s’assurer que le message passe bien – que la soirée se finirait par le retour du massage préféré du garçon. Nouvelle qui lui déclencha immédiatement un afflux sanguin inopiné qu’il masqua du mieux qu’il put en se cachant le visage des mains et en croisant les jambes devant ses deux camarades hilares.
Ainsi se termina cette journée d’anniversaire. Puis après elle, les semaines de cours. Décembre était bien avancé. Les jeune se retrouvaient aux portes des vacances. Un seul évènement restait au programme avant une pause bien mérité. Un évènement auquel Camille n’accepta d’assister qu’en trainant des pieds.
« T’es chiant Gabriel. Me fais pas croire que t’es venu passer Noël dans le coin uniquement pour me forcer à aller à l’exposition de ton ex voir les photos de mon mec. J’ai dit à Cléo que je ne voulais pas. Je lui en veux encore, et ça fait depuis le truc avec Mika que je lui ai dit qu’il irait se faire foutre, que je ne viendrais pas ! »
Obligé de tirer par la main son camarade, Gabriel grogna et rouspéta, à la fois contre l’androgyne et contre son mec. Qu’est-ce qu’ils étaient chiants, ces deux-là !
« En fait, si. Même si tu ne veux pas me croire. Enfin, aussi parce que sinon, ma mère m’aurait fait la tête au carré et que ça me fait plaisir de voir mon oncle qui vient aussi. Mais c’est Cléo qui m’a le plus emmerdé pour que je bouge. Après, je t’avoue que j’avais bien envie de voir le résultat de son boulot et de celui de sa sœur. Et crois-moi, il faut que tu le voies aussi. Maintenant, arrête de faire la gamine et suis-moi. Sinon, je garde le dessin ! »
Ça, c’était traitre. Camille s’était fait avoir par les sentiments. Quand l’artiste avait débarqué devant chez lui avec une toile à lui offrir en échange d’un petit effort, le cœur du lycéen avait chancelé. Qu’est-ce que Cléo était beau sur cette peinture, réalisée dans un style romantique où il se retrouvait grimé en César, feuille de laurier sur la tête et toute nudité dehors. Camille s’était doublement étonné. Déjà que son mec ait trouvé le temps de poser. Ensuite que l’artiste ait choisi de le représenter avec une gaule telle qu’elle cachait forcément un message artistique sulfureux, novateur et érotique à propos de la lutte entre la vieille république et sa conquête. Ou quéquette. L’interprétation était laissée libre, mais l’inscription pseudo latine en dessous allait particulièrement dans ce sens : Veni, Vidi, Niqi. On ne pouvait faire plus clair.
Le châtain clair avait cependant nié une si grande complexité du message. Il avait simplement adapté sa créativité à l’état de son sujet sans trop y réfléchir, comme il le soupira fortement à Camille tout en le trainant derrière lui :
« Cet idiot a reniflé le drap sur le clic-clac. Comme j’étais pas trop là, on l’a pas changé depuis ton passage. Il a reconnu le parfum de ton déodorant, ça l’a foutu au garde à vous. J’lui ai dit tant pis pour ta gueule, j’te peins comme ça ! »
La création tenant en peu de choses, Camille trouva le résultat bien mieux ainsi. Foutues hormones féminines qu’il prenait en cachette et qui le faisait mouiller intérieurement à la vue de son homme en rut ! Toujours est-il qu’il s’était complétement fait avoir par le plan des deux garçons pour le convaincre de venir. Une petite visite contre un tableau érotique, c’était vil, mais lui était faible. C’était idiot. Il s’en voulait de se renier aussi facilement…
Arrivé à l’université, Gabriel lâcha rapidement le poignet de son accompagnateur. Une banderole avec marquée à la peinture noire « Expo Transgression » indiquait le chemin pour rejoindre les salles réquisitionnées pour l’occasion. Il se rua du côté des grosses pièces, laissant Camille seul à l’entrée d’un petit amphi où avait été écrit sur un panneau le mot « PictureS […] », de la main de Cléo. Le jeune photographe y avait fait installer une petite quinzaine de ses clichés, tout en respectant le thème imposé par sa sœur, mais en se laissant aussi une marge de liberté afin de suivre son propre fil conducteur. S’adressant à des visiteurs à qui il expliquait le sens de points de suspension – ils montraient qu’il restait d’autres photos à prendre et donc des choses à vivre –, ce dernier n’adressa qu’un signe poli à son amoureux lui indiquant qu’il était à lui dans cinq minutes, non sans afficher un immense sourire de satisfaction et de soulagement.
Un peu frustré, Camille s’avança seul en grognant. Pris de court, il n’avait pas eu le temps de se préparer et ne ressemblait à rien, ce qui l’énervait encore plus. Les images étaient numérotées, afin que les amateurs puissent suivre une certaine progression sans se perdre. Le premier cliché faisait apparaître Cléa, en noir et blanc et toute petite tenue, qui fumait un joint de manière ostensible et pratiquement érotique. Cléo avait titré l’image « Amour interdit ». Camille tourna la tête sur le côté. C’était osé. Tout du moins le titre, qui faisait partie intégrante de l’œuvre. Le message était d’autant plus fort que seuls les intimes du photographe pouvaient en connaître le sens véritable. Un art secret qui ne se révèle vraiment qu’à une toute minorité, et qui le rendait encore plus fort et poignant. C’était tout à fait le style de Cléo, songea Camille en passant au cliché suivant, non sans une certaine pointe d’admiration gênante. Son mec avait réussi à se nourrir de ses démons et de sa personnalité torturée pour en accoucher du sens. Rien que cela méritait un minimum respect.
Parmi les photos que Camille préféra, il y avait celle de cet enfant qui grimpait par-dessus une barrière avec marqué sur un panneau « sens interdit ». Le titre avait de quoi faire sourire : « Gamin ayant perdu ses clés ». Mais si la photo était plaisante, elle était bien moins impactante que cet autoportrait de Cléo dans des tons sépias, où, torse-nu et tenant l’objectif du bout des bras face à lui, le photographe s’était capturé en train de mimer un orgasme, visage que Camille connaissait bien et qui ne le laissait jamais indifférent. Le titre en avait révélé le sens profond tout en provoquant un sentiment de nausée à l’élève de terminale S. « Souffrance d’un escort en plein travail ». Le jeune préparationnaire n’avait pas tant mis en scène sa vision de la transgression que celle de sa propre vie, comprenant son lot de souffrances et de malheurs. Camille trouvait cela à la fois fou et admirable, à l’image du garçon dont il était tombé amoureux. Une autre capture, encore, l’avait fait se sentir mal. Deux pierres tombales côte à côte partageant le même nom. Clébert. Réuni pour toujours. Cléo l’avait intitulée « Nouvelle vie ». C’était violent autant que sarcastique.
Parmi tous les clichés, il y en un que Camille eut bien du mal à affronter en face. « Élève de prépa vendant son âme pour une fiche ». Il le fallait bien, pourtant, ne serait-ce que pour claquer la bise aux deux garçons qu’il connaissait bien et qui s’étaient mis à faire le pied de grue devant. L’un rigolait, l’autre râlait, non sans reconnaitre que le résultat final rendait bien. Mika avait d’ailleurs, avec un certain flegme, apostrophé son colocataire au loin, alors que ce dernier était toujours bloqué par sa discussion qui n’en finissait pas.
«  J’te jure Cléo ! Promets-moi de ne jamais montrer ça à ma mère. Jamais ! Sinon, ça fera deux morts. Toi déjà, parce que je t’aurais tué. Et ensuite moi, parce que si elle voit à quoi s’amuse son fils au lieu de réviser, c’est elle qui va me tuer ! »
Lui passant la main sur l’épaule, Fabien éclata de rire.
« Mais nan je ne vais pas te tuer, voyons Mimi ! »
Levant la tête vers son barbu de protecteur et meilleur ami, Mika haussa les épaules, leva les yeux au ciel et répondit avec impassibilité et malice :
« Je parle de ma vraie mère ! Celle qui fait peur et qui m'appelle mon bichon. Pas de mon abruti de coloc qui me fait à bouffer et qui m’appelle le bichon à sa môman ! »
Après avoir salué les deux garçons et admiré la composition avec soin, Camille soupira. Avec le recul, il se sentait un peu idiot de s’être emporté pour si peu. Vu les autres photos qui lui avait été donné de voir, il comprenait maintenant que celle-là s’inscrivait en effet dans un tout, même s’il avait encore du mal à bien comprendre où Cléo voulait vraiment en venir. Son petit ami lui avait simplement dit, un soir de pluie, que tout ça, c’était pour lui. Camille avait eu peur de cette phrase. Et là, alors qu’il ne restait plus qu’environ cinq photos, il tremblait.
L’image suivante, en noir et blanc afin de provoquer le doute, lui donna envie de pleurer. Une fois encore, Cléo s’était directement mis en scène, avec une vue plongeante d’au-dessus. Cette fois, nu dans une baignoire à l’eau trouble, les yeux fermés. Son bras, tombant sur le côté, donnait naissance à une trainée sombre qui goûtait jusqu’au carrelage sur lequel trainait un rasoir et plusieurs billets chiffonnés. Sur le rebord, une capote usagée laissée là, remplit de ce qu’on ne voulait pas voir. Sur le porte savon, un portrait de Cléa qui semblait tourner le dos et s’en aller. Comme titre : « Après l��effort, le réconfort ». Clair et définitif. C’était le dernier cliché sur lequel Camille n’apparaissait pas. Tous les autres le mettaient en scène. Mélancoliques et lumineux à la fois.
Le suivant le plaçait ainsi en plein contrejour, face à un coucher de soleil. L’adolescent se souvenait très bien de cette journée, pendant les vacances, l’été. Il reconnaissait son chapeau, ses lunettes et son paréo. Il avait encore en tête la chaleur du sable et la douceur des rires de ses amis. Le titre, une fois encore, se voulait à contrecourant. « Aurore ». Simplement. Premier d’un diptyque avec « Rayon de soleil » qui ne montrait que son visage.
Sur le mur non loin, il se reconnut en robe. Ce jour-là, l’illusion avait été totale et personne dans la rue ne s’était retourné sur son passage. « Sauriez-vous trouver l’homme ? » était la question posée au visiteur, incrédule, qui avait bien besoin de la photo juste à côté pour en comprendre le sens.
Camille eut un peu de mal avec celle-là, d’ailleurs. Elle le présentait nu, allongé sur le canapé de la colocation. Une photo prise le même soir où Gabriel était venu manger. Cléo s’était autorisé quelques cadrages pour lui, dont cette capture de son corps entier, sans aucun autre élément. On y voyait tout, à commencer par ce que Camille essayait le plus souvent de cacher. Le cliché se nommait « perfection féminine », rien que ça.
Enfin, il ne restait plus qu’une seule œuvre, tout au fond, cachée derrière un voile, symbole d’interdit qui invitait forcément à la transgression. Jusqu’au bout, Cléo avait travaillé le thème. Camille s’avança pour le découvrir, intrigué.
La photo lui sembla étrange. Plus simple, mal cadrée avec le sujet coupé au niveau du torse, moins sophistiquée, avec un grain d’une moins bonne qualité, elle avait été très clairement prise avec un autre appareil que les autres. En fait un simple iphone. Camille prit quelques secondes à se reconnaitre. Ou plutôt, à reconnaitre le lui de l’époque où il rentrait tout juste en seconde. Avec ses cheveux châtains et brillants en bataille recouverts d’un bonnet gris tombant sur l’arrière, lui-même assorti à un pull capuche à inscription noire et jaune qui lui remontait jusqu’au cou, le jeune adolescent se tenait adossé à un mur blanc, la tête légèrement penchée en avant, ses yeux presque clos fixés vers le sol. Ressortait tout particulièrement du cliché une sensation de calme absolu et de profonde douceur, à l’image de ce nez fin, creusé et adorable, de ces lèvres grenadine qui se finissaient en encoche vers le ciel et de ces joues très légèrement rosée de petit enfant. Camille ne s’était pas habillé en fille ce jour-là. Il était venu au lycée comme un sac. La photo n’en restait pas moins magnifique. Elle était peut-être même la plus belle de toute la série. Un instant simple capté en pleine cour entre deux orages, silencieux et profond. Le titre fit exploser Camille qui ne sut retenir ses larmes.
« Première photo volée de ma femme. »
Alors que sa langue subissait l’assaut du sel s’échappant de ses paupières, l’adolescent tourna la tête nerveusement en reniflant. Il souriait, mais ne pouvait s’empêcher de trembler et d’hoqueter. Il y avait trop de faux là-dedans, ce qui le blessait sans qu’il ne comprenne vraiment pourquoi.
« C’est pas vrai ! Tu te trompes ! J’suis pas ta femme. J’suis ton monstre si tu veux, mais pas ta femme…»
« Si tu l’es ! », coupa Cléo en l’enlaçant par derrière avant de lui picorer le cou. Enfin débarrassé du pot de colle qui lui tenait la jambe, le préparationnaire s’était avancé discrètement afin de ne manquer aucune réaction de la personne à qui tout cela était destinée. La voix chancelante, essuyant du pouce et du mieux qu’il le pouvait l’émotion sur la joue de Camille sans se soucier de celle qui dégoulinait sur la sienne, il continua : « Tu l’es. Ou tu du moins, tu le seras dès qu’on se mariera. Je sais pas quand, mais j’en suis sûr. Tu m’as sorti du brouillard, Cam, et c’est pour ça que je t’aime. Depuis le jour où j’ai croisé ton regard pour la première fois, en fait, même si je ne le comprenais pas à l’époque. C’est ça que je voulais te dire, mais tu m’en laisses jamais le temps. Alors je m’en fous bien de ce que disent les gens, des interdits et tout. Si c’est ton choix d’être une femme, ou ce que tu veux d’autre, je l’accepterais et t’encourageais. Je te le promets. Il faut juste que toi, tu acceptes de me faire confiance, même si je te déçois parfois… On change pas un connard en prince charmant d’un coup de baguette magique. Ça prend du temps. Comme ce que tu as commencé à faire dans mon dos et que je t’interdis de continuer comme ça… »
Assailli par des émotions tout à fait diverses, Camille eut du mal à savoir comment réagir. Le bonheur était à son paroxysme. L’étonnement, la crainte, la peur et la douleur aussi. Cléo avait serré son étreinte et ne le lâchait plus. Il lui faisait mal. Son regard et son ton s’étaient durcis, comme s’il était pris d’une froide et intense colère.
« Comment ça ? De quoi tu parles ? », bégaya le lycéen, sans comprendre. Ce à quoi Cléo répondit dans un éclat de voix qui fit trembler chaque parcelle de son visage. Il pleurait, tout simplement.
« Si tu veux le faire, ne te cache-pas ! Fais-le ! Mais avec un médecin pour te suivre et t’aider ! Avec ton père, tes amis et moi à tes côtés ! J’t’en supplie Cam, ça fait un mois, depuis que Gaby t’a grillé avec ces trucs dans ton sac, que je cherche les mots pour te le dire. J’ai pas trouvé mieux que ça… S’il te plait. Dis-le-moi ! »
D’un seul coup, l’adolescent perdit tout sens du réel. Le lieu où il se situait. Le jour de l’année. Ce qui l’avait mené jusqu’ici. Jusqu’à sa propre identité. Rien d’autre n’avait de sens que ce qu’attendait le garçon que le fixait. Trois petits mots. Trois petits mots de rien du tout qu’il n’avait jamais réussi à dire et à assumer mais qui représentaient pourtant tant de choses et qui changeraient tout, à présent. Trois petits mots qu’enfin il accepta de gémir, accompagnés d’un sourire au garçon qui l’enlaçait.
« Je veux transitionner… »
*****
Extrait de l’album photo de Cléo
Emplacement n°5
Nom de la photo : « Première photo volée de ma femme »
Effet : couleur – Lumière naturelle, prise avec un iphone
Lieu : au lycée
Date : un matin de septembre, quand j’étais en première
Composition : première photo que j’ai de Camille, depuis toujours au fond de mon téléphone. Je l’ai prise discrètement sans être vu quelques jours après l’avoir croisé pour la première fois à l’anniversaire de Gabriel. Je venais de rentrer en première et d’arriver au lycée Voltaire. Je ne sais pas à l’époque si cette photo représentait un amour dont je n’étais pas conscient, une frustration ou une obsession, même si c’est ce dernier point qui semble le plus crédible, sans quoi je ne me serais pas caché pour prendre cette photo et je ne l’aurais pas gardée si longtemps.
Camille y apparait en garçon, au naturel, comme souvent au lycée, parce qu’il n’a pas trop le choix. Et pourtant, il y a quelque chose de si féminin, si hypnotisant en lui… Son sourire, surtout. Je me revois encore regarder machinalement ce sourire en première les fois où j’étais le plus triste. Ça n’a pas toujours été suffisant. Mais aujourd’hui, ça l’est. Cette photo me donne de la force. C’est la première photo volée de ma (future) femme.
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elorecohlt · 7 years ago
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28 - Sur un fil
Le lendemain, j'ai offert à Lola un petit-déjeuner de reine avant qu'elle ne reparte, me laissant avec un Hakeem bizarre, qui me jetait des regards de travers.
- Elle a dormi où, pour finir ?
- Dans mon lit.
Il a froncé les sourcils et s'est approché avant de lancer, à voix basse :
- Vous avez fait des trucs ?
- Eww, non !
Je n'avais pas pu m'empêcher de grimacer, choquée qu'une telle idée ait pu lui traverser l'esprit.
- T'es fou, bordel. Je suis pas lesbienne.
Il a haussé une épaule et porté sa tasse à ses lèvres.
- Je sais pas, Raïra. C'est pas l'impression que j'ai, quand je vois ce que tu fais aux filles de la Meute.
- C'est pas la même chose ! C'est pour le travail, tu te fais des putains d'idées.
Ça m'énervait tellement, d'un coup.
- Toi, tu fais bien genre d'être amoureux d'elles alors que tu l'es pas vraiment !
- C'est pas la même chose.
J'ai levé les bras, exaspérée. Comme pour m'imiter, il a fait de même et montré ses paumes.
- ... ok, ok, je te crois. De toute façon je m'en fous, hein, c'est ta vie.
- J'espère bien. J'avais grommelé, il avait pas fini.
- Je te dis juste de faire gaffe, ok ?
- Ok.
Avec ce qu'il me restait de naïveté, je n'ai pas compris ce qu'il sous-entendait.
C'était comme si la nuit qu'on avait passées ensemble avait amené notre amitié à un nouveau niveau : j'appelais Lola plus souvent, l'invitais à traîner avec Kate, Cole et moi, dehors ou à la maison. Si mes amis, au départ, ne l'appréciaient pas particulièrement, le temps a fait son œuvre et ils ont fini par accepter de l'inclure (ils s'entendaient même plutôt bien). Nos sorties se sont multipliées, l'été filait doucement.
Bien que je repensais souvent à ce que m'avait dit Lola dans le noir, j'avais décidé de ne pas l'interroger : elle continuerait lorsqu'elle se sentirait prête (si cela arrivait un jour). En attendant, on ne cessait de se rapprocher. C'était fou ce que notre amitié pouvait me rendre bêtement extatique (ça m'avait étonnée, de constater à quel point sa présence me rendait presque euphorique - le genre de sensations que je ne ressentais plus que la nuit et jamais sans un peu d'aide chimique).
Je me souviens de nos promenades dans Quartz City, ce quartier complètement délirant qui avait germé comme un champignon hallucinogène en périphérie de la ville et que Lola adorait. Je la suivais entre les bâtiments de verre aux couleurs démentes (vert d'eau, violet vif, nuances d'indigo et de rose surréalistes) jusqu'aux parcs asymétriques où on passait nos après-midi. Là-bas, j'avais foutu un sale coup de poing à un mec qui avait osé lui foutre la main au cul avant qu'on se casse - c'était plutôt inhabituel que je réagisse comme ça mais Lola éveillait en moi quelque chose de très protecteur.
Si je restais très secrète quant à mes activités, le reste de mon existence, auprès de mes amis, était transparente : ils avaient vu mon appartement, ma famille, connaissaient mes passions. De la vie de Lola, par contre, j'ignorais quasiment tout : je savais qu'elle vivait en périphérie du centre-ville et que ses parents étaient plutôt stricts. Lors d'une soirée chez Cole, elle m'avait confié qu'ils vivaient dans une autre ville, auparavant, mais que quelque chose ("un accident, en quelque sorte") les avait poussés à déménager. La nature de l'évènement restait inconnue, Lola ne semblait pas vouloir s'y attarder et je respectais son silence (même si j'y songeais souvent).
A force de réunions, notre petit groupe s'est trouvé une dynamique : Cole était le type sarcastique qui nous faisait marrer avec ses remarques bien senties, Kate était la conciliatrice, Lola l'élève raisonnable et moi la mauvaise fille. J'étais celle qui faisait peur, celle qui ne semblait pas avoir de limites et, surtout, qui pouvait ramener de l'alcool aux soirées. C'était ce que je faisais, satisfaite de pouvoir être utile et de, dans la mesure du raisonnable, dévergonder un peu mes potes. Contrairement à la plupart des mecs de la Meute (Dog, en particulier), je ne le faisais pas avec de sales idées en tête : j'avais beau aimer sincèrement mes amis, leur vie ordinaire m'ennuyait souvent et j'aimais les voir désinhibés, prêts à me suivre dans mes conneries. Je me soûlais aussi avec eux, bien sûr, et on enchaînait jeux stupides et conversations intimes. Comme l'appart était souvent vide d'adultes (Hakeem dormait parfois au QG, ce que j'évitais de faire), la plupart de nos soirées se déroulaient chez moi. Ça m'arrangeait : j'appréciais de ne pas avoir à faire beaucoup de chemin pour rentrer (et puis, dans la rue, j'avais tendance à être alerte et agressive - c'était fatiguant pour tout le monde, moi comprise).
L'été touchait à sa fin, la rentrée se profilait et nos sorties avaient comme un goût amer de fin de week-end. Après avoir passé une semaine agitée avec la Meute et, malgré une fatigue grandissante (Face soupçonnait l'un de nos nouveaux membres d'être une taupe, l'ambiance s'était tendue et on avait dû se faire très vigilants), j'avais accepté de passer la soirée avec Kate, Lola et Cole.
Ils sont arrivés avec de la pizza. Hakeem, un peu plus tard, a débarqué à son tour. On a mangé tous ensemble puis il a disparu, visiblement aussi crevé que je l'étais. Entre musique aux basses marquées et bières bon marché achetées au kebab du coin (le gérant était un ami de la Meute), la soirée s'est déroulée dans un calme appréciable et s'est terminée dans une apothéose bizarre.
C'est encore très clair dans ma tête : Kate et Cole étaient au salon, en train de jouer à Zelda alors que j'étais sur le balcon avec Lola. L'appartement était haut, pas le plus élevé de la ville mais il permettait quand même une belle vue sur le quartier (et une mort certaine si on tombait).
Il faisait chaud, j'avais envie d'une clope mais je luttais : certains des membres de la Meute me faisaient prendre de sales habitudes et j'essayais régulièrement de ne pas y céder. A la place, je laissais mes yeux s'égarer dans le paysage : les gratte-ciels et, plus loin, l'endroit où je pouvais deviner les montagnes et la naissance de l'Océan. Lola faisait pareil, on ne disait rien et c'était bien : j'étais peu douée pour la causette et elle avait fini par s'y faire.
Un reniflement, puis l'envie de m'endormir là, les deux bras sur la balustrade et avec les lumières de New L.A. dans mes prunelles. Puis un ongle pointu - bleu ciel - a effleuré l'une des cicatrices qui crevassaient ma hanche.
J'ai haussé les sourcils, me suis retournée vers Lola. Depuis l'intérieur, on entendait Kate s'énerver sur un passage du jeu.
- Tu fais quoi ?
- Elle est pas nouvelle, celle-là ?
- Non.
J'étais sèche, elle souriante. Sans m'excuser, j'ai repris :
- Fais pas genre que tu les as pas déjà comptées, avant la gym.
- Dans les vestiaires ?
Lola a fait semblant de s'offusquer.
- Déjà t'en as trop et puis... j'ai mieux à faire.
- Me prends pas de haut, bordel.
Je lui ai filé un petit coup de poing dans l'épaule et elle a ri, un moment, avant de retrouver un air plus sérieux.
- T'as l'air crevée.
- Je le suis.
J'ai bâillé avec conviction : puisqu'il s'était avéré inutile de faire croire à mes amis que je ne trempais dans rien de louche, j'avais cessé de les détromper (ce qui ne m'empêchait pas, au demeurant, de ne donner aucun détail sur ma situation).
Un silence un peu trop long s'est étendu comme un fil entre nous deux. Lola l'a brisé :
- Tu fais gaffe à toi, des fois ?
- Mais oui, putain. T'as pas besoin de faire comme si t'étais ma mère.
Un éclat bizarre - à moins que ce ne soit le reflet de la circulation en contrebas - est passé dans ses yeux.
- Je veux pas être ta mère, Raïra, mais tu peux pas m'empêcher de m'inquiéter.
- Bah inquiète-toi si tu veux, mais ça sert à rien.
Je lui ai tendu ma bière.
- Bois, tu seras moins chiante.
Pourquoi ça la faisait rire ? J'étais sincère et pas d'humeur à la rejoindre mais elle m'a fait sourire quand même, par contagion. Une minute après, on était toutes les deux hilares dans l'air chaud de la nuit, rendues euphoriques par l'alcool et par cette complicité qui nous liait. Et plus je riais, plus je sentais la tension dans mon estomac se défaire, mes pensées s'éparpiller. J'étais moins sensible aux effets de l'alcool depuis que j'en buvais régulièrement mais l'ivresse restait présente, avec un peu d'effort, toujours aussi délicieuse et un peu flippante.
Un temps, on s'est calmées et Lola s'est rapprochée. En voyant qu'elle frissonnait, j'ai passé mon bras autour de ses épaules. Elle a brisé le silence :
- Cette vue, quand même.
- C'est dingue, hein ?
- Ouais. J'ose pas imaginer le loyer que doivent payer tes parents.
- On s'en fout.
J'avais grommelé, peu satisfaite qu'elle me rappelle l'existence de mes géniteurs.
- T'as de la chance de vivre ici.
- Mouais.
Elle a posé sa tête contre mon épaule.
- Les miens sont dans la moyenne, je dirais. Mais ils ont vraiment fait des sacrifices lorsqu'on a déménagé. Pour qu'on aie une jolie maison.
- Ils auraient pas dû. Ici ou ailleurs, c'est la même merde.
J'ai bu une gorgée de bière tiédasse.
- Je sais pas. Ils voulaient nous faire prendre un nouveau départ et m'éloigner de... mauvaises influences.
J'ai ri, surprise.
- Ils ont eu peur que tu tournes mauvaise fille ? Toi ?
Je me foutais de sa gueule à moitié : jamais je n'avais imaginé Lola comme une fille infréquentable, loin de là.
Mon rire a semblé la faire réagir. Elle s'est détachée de moi et m'a fait face.
- Te marre pas, ok.
J'ai levé les mains.
- Ok, ok. Comme tu veux, sale rebelle.
- Ferme-la !
Je voyais bien qu'elle était mal à l'aise, comme si elle marchait sur un fil que je m'amusais à faire trembler. Prétextant l'indifférence alors qu'elle piquait ma curiosité, j'ai égaré mon regard du côté des buildings de New L.A. et leurs lumières carrées. Au bout d'un temps, Lola a repris d'une voix hésitante :
- Tu te souviens de ce que je t'ai dit, la première fois où j'ai dormi ici ?
- Que t'étais pas normale ? Je m'en souviens, ouais.
Je sentais que j'étais sur le point d'apprendre quelque chose, pourtant je ne pouvais pas m'empêcher de ramener ma grande gueule.
- Tu vas me dire que t'as braqué un Walmart, c'est ç...
J'ai voulu finir mais sa main s'est plaqué contre ma joue, me poussant à tourner la tête. Je lui ai fait face alors qu'elle me fixait, une gêne et un désespoir évident dans ses yeux soudain bien trop humides.
- Mais non, putain...
Je suis restée immobile, incapable de savoir quoi dire.
- Raïra, je...
Elle a ravalé sa salive et s’est tue, d’un coup. Dans ses prunelles marron, un éclat étrange est passé.
Puis, avec une détermination intense, elle s'est approchée de moi et a posé sa bouche sur la mienne.
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